Le gaspillage alimentaire : Un fléau silencieux qui coûte cher à la Tunisie

Paroles d'Experts

En 2022, 1,05 milliard de tonnes de déchets alimentaires ont été produits dans le monde (y compris les parties non comestibles), soit 132 kilogrammes par habitant, représentant près d’un cinquième de tous les aliments disponibles pour les consommateurs, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).

Selon la consultante en environnement Mme Sonia Ouni, La Tunisie n’échappe pas à cette problématique. Chaque Tunisien gaspillerait en moyenne 172 kg de nourriture par an, ce qui place le pays au premier rang au Maghreb et au deuxième rang dans le monde arabe en termes de gaspillage alimentaire. En 2018, le coût de ce gaspillage était estimé à 570 millions de dinars tunisiens, un chiffre alarmant pour un pays confronté à des défis climatiques, économiques et sociaux.

Le gaspillage touche toute la chaîne alimentaire :

  • Dans les foyers, une enquête de l’Institut National de la Consommation (INC) réalisée en 2016 a révélé qu’un ménage tunisien gaspille en moyenne 17 TND par mois, soit environ 5 % de son budget alimentaire.
  • Dans les restaurants universitaires, une étude conjointe menée en 2017 par la FAO, le ministère de l’Agriculture et l’INC a estimé que 6 % des plats servis sont jetés.
  • Dans le secteur hôtelier et de la restauration, les chiffres sont encore plus préoccupants : 12 % des aliments préparés dans les hôtels et 16 % des repas dans les restaurants finissent à la poubelle.
  • Dans les circuits de distribution, qu’ils soient en gros ou au détail, les pertes restent importantes, bien que souvent sous-estimées.

Face à cette situation préoccupante, la société civile se mobilise. Associations, nutritionnistes et institutions publiques multiplient les campagnes de sensibilisation. En parallèle, la Stratégie nationale de lutte contre le gaspillage alimentaire, actuellement en cours d’élaboration, devrait être finalisée d’ici fin 2025. Elle pourrait marquer un tournant décisif, à condition que la volonté politique et l’implication citoyenne suivent.

Sonia OUNI – CEO Bureau de consulting santé et environnement

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